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Europe 1

   Fiche d'identité   
- L'histoire
C'est Louis Merlin qui, en 1955, apporte le souffle et le concept à cette nouvelle radio, avec les fonds de l'homme d'affaires Charles Michelson. Tous deux veulent créer un poste qui révolutionnera les habitudes en mettant les techniques les plus modernes au service de l'information et de la publicite. Depuis, Europe 1 respecte toujours cette règle.

- Slogans
1991 C'est la pèche.
1997 Europe 1 réinvente Europe 1
1998 Quand l'info vous tient/gagne/réveille, c'est Europe 1

- Diffusion
En GO : sur toute la France sur 183 kHz (1639 m).
En FM : se rapporter à la liste ville par ville.
Par satellite.

- Statut
E : radio nationale generaliste.

- Capital (d'Europe 1 Communication)
44.3% Matra Hachette,
20.0% Dassault,
4.9% Trésorerie Générale des Finances de Monaco,
et petits porteurs.

- Régie publicitaire
Europe Régies
28, rue François 1r
75008 Paris
Tél : 01.47.23.15.50

- Responsables
directeur délégué du groupe Europe 1 Communication : Arnaud Lagardère
directeur d'antenne : Jérôme Bellay
directeur de la rédaction : Hugues Durocher

- Coordonnées
28, rue François 1r
75008 Paris
Tél : 01.42.32.90.00
Fax : 01.47.23.19.00
Téléphone rouge : 01.47.23.56.78
Minitel : 3615 EUROPE1

- Code RDS
EUROPE 1
   Commentaires   
- Points forts
La nervosite de l'information, un vrai sens de la parole et du ton.
La qualité des chroniqueurs : toute la presse a rendez-vous sur Europe 1

- Points faibles
L'abondance de la publicité

   Grand chambardement à Europe 1   

C'est un symbole : le bon vieux carillon d'Europe 1 ne sonne plus de la même manière. Rajeuni - tout comme les jingles et les bandes-annonces de la chaîne -, il égrène ses trois notes sur une sonorité moins métallique, un peu plus allègre ... La station de la rue François 1er opère un changement radical et effectue un grand nettoyage de rentrée.

Depuis le 2 septembre, date de lancement de la nouvelle grille provisoire, l'antenne est méconnaissable. Les signatures, les voix, les magazines auxquels on s'était habitué ont soit disparu, soit changé de case. La plupart des animateurs des jeux ou des divertissement n'ont [n'a] plus trouvé leur [sa] place dans les nouveaux programmes dédiés désormais à l'information. L'été a été l'occasion de remerciements en série. Exit Gérard Holtz, Jean Roucas, Pascal Brunner, François Jouffa et Arthur. Adieu donc Marc Toesca et son « Top », Philip de la Croix et son rendez-vous avec la musique classique. Même Maryse, grande figure de la station depuis une trentaine d'années, ou encore Albert Ducrocq, le spécialiste des étoiles qui faisait office de doyen souriant et indispensable, ont disparu de l'antenne ... Au menu, désormais, des talk-shows en série et des forums d'auditeurs composent ce que la nouvelle équipe dirigeante nomme une radio « News et Talk ». De la parole, beaucoup de parole et très peu de musique.

Dès 6 heures et jusqu'à 9 heures, une matinée d'un nouveau genre, 100 % information, ouvre l'antenne, avec une succession de journaux courts et de reportages plus développés. Prime à l'actualité, au reportage de terrain : les informations s'enchaînent sur un rythme qui n'est pas sans rappeler ... France Info. À 9 heures, changement d'ambiance avec le premier talk-show de la matiné, animé par Yves Calvi, transfuge de LCI, qui aborde avec beaucoup de rigueur, pendant une heure trente, en compagnie de quelques invités et avec la participation des auditeurs, des thèmes aussi variés que la conquête de l'espace, la pédophilie, ou encore, la saga des grands magasins.

Tout au long de la journée, alternent ainsi tranches d'information et forums ouverts aux auditeurs, animéspar des personnalités aussi différentes qu'Isabelle Giordano (venue de Canal +), Frédéric Mitterrand, Michel Field ou Laurence Boccolini. Le ton des matinées semblent déjà trouvé, tandis que les nouveaux après-midis paraissent, pour l'heure, bien bavards et pas franchement dynamiques. " Il nous reste encore pas mal de boulot. Les choses ne sont pas encores définitivement arrêtées et certains recadrages seront nécessaires ", explique Jérôme Bellay, bombardé directeur général de l'antenne depuis le 15 juillet.

La nouvelle grille est avant tout l'oeuvre de cet homme que Jacques Lehn, PDG d'Europe 1, a lui-même choisi pour redresser une station en crise d'identité. De mauvais sondages en mauvais sondages, Europe 1 semblait, le 15 juillet, avoir touché le fond : 8.5 % d'audience pour la période d'avril à juin 1996, selon Médiamétrie. Un véritable électrochoc pour une équipe déjà fortement déprimé par le départ de Denis Jeambar en mars dernier et par un climat de flottement qui s'est poursuivit jusqu'à l'été !

Il fallait faire vite. Le dos au mur, la station a choisi de provoquer une minirévolution en faisant appel à Jérôme Bellay. Ses glorieux faits d'armes, son travail à LCI et à France Info, dont il fut le fondateur, en faisaient un candidat idéal. Dès son arrivé, au début de l'été, il a travaillé d'arrache-pied et a imposé son style en tranchant dans le vif. Le 24 juillet, quatre journalistes étaient remerciés : Jean-François Rabilloud, Pascal Boulanger - embauchés par la suite à LCI, en un étonnant jeu de chaises musicales - Olivier de Rincquesen et Bruno Seznec. En clair, Jérôme Bellay s'installait solidement aux commandes et entendait bien rester le seul maître à bord.

La fin de l'été a confirmer cette tendance avec une réorganisation de l'organigramme et surtout l'arrivée de plusieurs journalistes de LCI, débauchés par leur ancien chef pous lui prêter main forte : Yves Calvi, Bernard de la Villardière, Sylvain Attal, Françoise Gaujour, ou encore Philippe Bès, propulsé rédacteur en chef des jounaux su matin. Peu à peu, la restructuration prenait forme avec la nomination d'Huges Durocher (ex-RFI) à la direction de la rédaction, poste que quittait Gilles Schneider pour assurer les fonctions de directeur délégué de l'antenne.

Ces changements en profondeur et surtout la rapidité avec laquelle ils se sont effectués ont provoqué quelques grincements de dents au sein de la rédaction. « Quand Bellay est arrivé, on était tous un peu déconcertés. Mais quand son équipe a suivi, alors là, c'est devenu franchement comique. C'était vraiment le chérif avec ses cow-boys, selon la vieille image qui lui colle à la peau », rigole un journaliste. Pas de fronde majeur, pourtant, au sein de l'équipe assurant l'information sur la chaîne. Pour la majorité des journalistes, la nouvelle orientation est radicale, mais elle leur paraît être menée avec compétence et efficacité. « On pourrait discuter longtemps des méthodes employées et de l'aspect un peu brutal de ce boulversement ... Mais au moins, maintenant, nous avons un cap à tenir et un vrai objectif à atteindre », résume un reporter.

Il est aussi sans doutes encore trop tôt pour présumer des résultats de ce grand chambardement. Le nouveau visage des programmes risque fort de déconcerter les anciens auditeurs d'Europe 1. Rien n'assure, en revanche, que cette révolution ne soit pas, à plus long terme, synonyme de renaissance pour une radio déboussolée et à la recherche de son identité.

Ainsi que l'affirme un ancien journaliste de la rue François 1er, pourtant aujourd'hui évincé : « On peut détester le nouveau format choisi, et il n'est pas certain qu'il séduise le public. Mais ce qui est sûr, c'est qu'Europe 1 renoue avec l'audace qui avait fait son succès dans les années 60. Comme autrefois, Europe 1 invente un genre.

Le Monde, Delphine Kindennans - 08 décembre 1996
   13 heures, sur Europe 1   

12 heures 58, j'entre dans le studio. Encore deux minutes ; derrière la vitre le technicien, le rélisateur, le monteur. J'appuie sur mon micro d'ordre qui me relie à la régie : " Tout est OK ? _ Ça vas ! " Stéphane, le rédacteur en chef vient d'arriver avec notre invité. Une plaisenterie ou deux pour le dédentre. " Vous allez voir, ça va bien se passer ", tout est réglé au quart de poil, la succession des sujets, le montage. On sourit. Plus qu'une minute, trente seconde, la pression est au maximum. Le carillon conne. Jean, le meneur de jeu annonce : " Europe 1, le journal de Stéphane Paoli et Corinne Boulloud. " Le tapis musical part, c'est le signal, j'ai deux minutes pour annoncer les titres, pas d'hésitation, maintenant c'est lancé : " À la mi-décembre les professionnels de la montagne s'inquiètent, la neige n'est pas au rendez-vous. Inquétude à Matignon, de nouvelle rumeurs de démission du ministre de l'Industrie ". Je lève la main vers le régie, la virgule musicale pour annoncer la fin des titre. Le premier reportage est calé, c'est parti pour quatre minutes. Pas le temps de discuter avec l'invité, je demande en régie : " Le prochain reportage est arrivé ? _ Non, il est en retard ... _ Décale tout, on le passe plus tard ". J'enchaîne sur le troisième titre : " Changement de majorité au congrès américain ... " trois minutes plus tard, j'entends dans mon casque : " Le reportage sur les Affaires est arrivé. _ On le passe après la pub. " Neuf minutes sont passée. Le meneur de jeu annonce un écran de publicité. Deux minutes vingt, le temps de souffler un peu,. 13 heures 12, la suite du journal. Stéphane aborde la question des Affaires, je m'apprête à le relancer. À ce moment, j'entends la sonnerie de l'ordinateur, le " basys ", dans lequel défilent les dépêches d'agences, c'est un " urgent ", un fait important, il y en a même deux : la République de Tchétchènie dénonce la présence de l'armée russe sur son sol. Carambolage en série sur l'autoroute de Grenoble. Pour la Tchétchènie, rien ne presse, le carambolage, je l'annonce dans un instant.

L'urgent, c'est le seul vrai imprévu du journal. Pour le reste, tout a été si méticuleusement préparé qu'il n'y a ni improvisation ni retard parce que chaque seconde compte, trente secondes sont une éternité qui oblige à décaler tout un journal où les seuls incidents sont le retard d'un invité coincé dans les embouteillages, l'inversion de deux reportages ou le passage à l'antenne de la voix de Contona au lieu de celle de Raymond Barre ...

Janvier 1995
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