Extrait de The Otago Daily Times (NZ) du lundi 9 janvier 1995
« Pas besoin de changer de drapeau » (par Roberyt J. Wielaard)
Il orne la plaque d'immatriculation des voitures de
certains pays de l'Union Européenne et accueille les voyageurs aux
frontières de cette dernière depuis Athènes jusqu'à Amsterdam
en passant par les Açores.
Mais 40 ans après sa création, le drapeau européen et ses
douze étoiles sur fond bleu restent une source de confusion.
Contrairement à ce que l'on croit généralement, ses
étoiles ne reprétent pas les 12 membres actuels de l'Union Européenne.
En effet, avec l'entrée ce mois-ci de l'Autriche, de la Finlande et de la
Suède dans l'UE, pas une seule étoile ne sera ajoutée au
drapeau européen.
Le drapeau européen a été conçu tout au long de cinq
années de querelle à partir de 1950. Des bureaucrates
étudièrent plus de 100 figures - anneaux, croix, étoiles,
soleils, triangles - envoyées par des artistes, des héraldistes et
des euro-enthousiastes. En 1953, le Conseil de l'Europe (le première
organisation d'après guerre pour l'intégration européenne) a
selectionné le cercle d'étoiles. Il a fallut attendre 2 ans de plus pour
que le fond bleu soit choisi.
Le Conseil avait 15 membres en 1955, mais l'Allemagne (RFA)
refusa le nombre de 15 étoiles car une d'entre elles correspondait à la
région de la Sarre, alors sous contrôle français. Elle en voulait
14, ce que la France refusa car celà excluait justement la Sarre qui ne rejoignit
l'Allemagne qu'en 1957.
Personne ne voulait du nombre superstitieux 13, mais il a été
remarqué que le 12 contenait un important symbolisme judéo-chrétien
(à travers les 12 tribus et les 12 apôtres). De plus, dans la
mythologie grecque, Hercules devint immortel à la suite de ses 12 travaux.
Vers 1957, le Conseil de l'Europe avait 25 membres. La plus puissante organisation
(l'UE ou Union Européenne, comme on l'appelle aujourd'hui)
fondée cette année-là par six pays, a aujourd'hui 15 membres.
Et une douzaine de plus attend d'y entrer.
La difficulté de choisir un drapeau européen n'a pas été
un cas isolé d'ambivalence pour les symboles européens. Il a fallut 8
ans au Conseil de l'Europe pour déterminer l'hymne européen. En 1972,
il a choisi l'Ode à la joie de la Symphonie n° 9 de Beethoven, qui,
depuis a été adoptée par l'UE.
Dans les années 80, l'UE a passé 7 ans à discuter de la
couleur du passeport européen, et a finalement choisi le "rouge évèque".
On peur noter de façon ironique que ce dernier ne représente pas le
drapeau européen, mais les emblèmes nationaux du pays émetteur.
Les pays européens ont aussi eu tellement de mal à choisir un
jour-symbole commun qu'il y en a deux : les 5 et 9 mai. Le Conseil Européen
fait usage du premier car en ce jour de 1949 Winston Churchill déclara lors
d'un discours à Zurick : « Nous devons construire les
États-Unis-d'Europe ». L'UE nomme le 9 mai le Jour Robert Schuman
en l'honneur de l'homme d'État français qui fut un fondateur clé
de l'union.
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