Elles sont entrées sur la bande FM par la petite porte. Elles s'y sont installées avec quelques difficultés. Mais, parce qu'elles permettaient à des voix nouvelles de se faire entendre, beaucoup de ces radios associatives sont devenues indispensables. C'est le cas de Beur FM, la radio de la communauté maghrébine de France.

Son fondateur, Nacer Kettane, est un homme de caractère. Né en Algérie, il arrive en France à l'âge de quatre ans. Ses études de médecine terminées, il décide de se mettre au service des exclus. Il fonde le journal Sans Frontière et Radio Beur, participe à la création de France Plus et met sur pied une organisation non gouvernementale, InterMed Assitance. En 1989, il monte Beur FM à Marseille. La nouvelle radio associative grandit et s'installe à Grenoble, Aix, Saint-Étienne, Toulouse, Nîmes, avant Paris en 1992. Bientôt elle sera à Rouen.

" Beur FM est une radio communautaire à vocation généraliste, laïque et indépendante, nos revenus viennent uniquement de la publicité ", précise Nacer Kettane. " Notre langue, c'est le français. Notre mission l'information, la culture, la distraction et l'ouverture aux minorités ". Selon le dernier sondage Ipsos, la station compte 270 000 auditeurs en région parisienne et plus de 400 000 en France. Elle est aussi diffusée au Magreb, via le satellite.

L'ambition de Beur FM est de donner des repères culturels aux jeunes issus de l'immigration. En plus des rubriques habituelles - sports, jeux, etc. -, une large place est faite aux informations en provenance des pays méditerranéens. Des cours de langues arabo-berbères y sont proposés et la musique maghrébine représente plus de 50 % du programme musical.

La station veut rester proche des préoccupations des immigrés. Ainsi, pour l'élection de novembre 1995 en Algérie, l'opposition, le FIS et les partisans de Zéroual étaient invités à commenter les résultats. " À condition que chacun accepte le jeu de la démocratie française ", rapelle Nacer Kettane.