Fréquence Jazz swingue à Lyon
Sur la bande FM, le jazz n'est pas si fréquent. Aussi, Christophe
Mahé et Guy Moÿse ont-ils fini par obtenir du Conseil supérieur
de l'audiovisuel l'autorisation de lui consacrer, depuis le début de
l'année, une fréquence (FM 97.3) tout entière pour rythmer la vie
de Lyon.
Fréquence Jazz est apparemment la seule de France sur son tempo. Du
coup, de la colline de Fourvière à celle de la Croix-Rousse, les
duettistes Mahé et Moÿse apparaissent à la fois comme des
prophètes et comme de sympatiques "récidivistes" :
voici neuf ans déjà, ils ont créé au bord du Rhône
l'antenne de Classic FM, aussi résolumment classique que l'indique sa
raison sociale. La viablilité de leur entreprise étant démontrée,
celle-ci étendit peu à peu sa diffusion à Saint-Étienne,
Grenoble et Roanne. Offrant de la musique, avant toute chose, elle a facilement
conquis la fraction de l'auditoire la plus rétive à la musicologie
et aux débats culturels. Cette carte de visite a permis de convaincre
à nouveau le CSA, à la fin 1996, alors que celui-ci était
devenu assez soupçonneux après les échecs économiques
de fréquences largement consacrée au jazz, en Champagne et à Paris.
À Lyon Fréquence Jazz veut obtenir une "couleur" en
programmant du jazz assez traditionnel pour " accompagner les gens dans
leur journée ", explique Guy Moÿse. Le programme est souvent
repris dans les lieux publics. Mais le projet n'étant pas de devenir
" une musique d'ascenseur " ou de supermarché,
Fréquence Jazz s'autorise déjà quelques "excursions"
moins conformistes encore. La tranche horaire de 18h30 à 21h30 est ainsi
confiée à Jacques Dorland, l'un des piliers de l'organisation du
Festival de Vienne, sous un titre cher aux jazzmen amoureux de l'improvisation
comme aux jeunes publics : " Rendez-vous au tas de sable ! ".
On donne pour imminent un accord avec la Radio suisse internationale pour des
bulletins d'information qui ouvriront une "fenêtre" locale, avec
une dominante économique. Exactement comme Radio Classique.
Pour l'heure, les programmes sont relayés par l'émetteur TDF
de la colline de Fourvière. L'ambition affichée est bien de
"monter" très vite sur la satellite pour, selon la formule de Guy
Moÿse, " proposer le programme à qui le voudra ",
dans la France entière. En 1996, Fréquence Jazz compte obtenir
2.5 millions de francs de recettes de parrainage et de publicité
commerciale. Elle a déjà permis de créer quatre emplois
permanents. Et elle ne s'en tiendra visiblement pas là.
Le Monde - 26 février 1996
|